Le burn-out : envie de comprendre
Dans mes accompagnements, le burn-out est souvent évoqué, la semaine dernière par exemple 2 personnes m’ont contactée pour entamer une reconversion, un accompagnement suite à un burn-out (dont une ayant travaillé dans l’humanitaire, un classique…).
Si j’ai publié il y a quelque temps un article sur le stress au travail parce que cette problématique me touche, j’inaugure aujourd’hui un nouveau format d’article écrit par des spécialistes pour approfondir certains sujets !
Si je suis une multi-curieuse, je ne suis pas spécialiste de tout et le burn-out est un sujet suffisamment complexe pour mériter un traitement approfondi. J’ai donc demandé à Florence Beuken, éducatrice spécialisée et thérapeute systémique et familiale, de nous éclairer sur le surmenage professionnel.
Je remercie donc Florence qui nous livre son expertise sur le sujet via sa pratique quotidienne et nous donne des pistes : quels sont les symptômes de l’épuisement ? Y-a-t-il des métiers, des profils plus à risque de surmenage ?
et SURTOUT : comment éviter le surmenage professionnel ?
Roule pas sur la réserve, évite le burn out !
J’ai découvert la notion de burn out par la thématique de la parentalité.
Travaillant dans ce domaine, j’ai été amenée à rencontrer au fil du temps de (très) nombreux parents qui avaient, pour une grande majorité, en commun un manque flagrant de confiance en eux, des questions à gogo, l’impression de ne pas y arriver et une peur immense d’être jugés.
Je comprenais cela par une évolution de la société qui prônait non plus la transmission, mais la poursuite du bonheur individuel. Tout un programme ! Plutôt sympathique d’ailleurs. Si ce n’est que cela a bien entendu entraîné une multiplication de la diversité des structures familiales (oui, on se cherche, on se sépare, on se reforme…), un éloignement régulier de nos familles d’origine, et une façon d’appréhender le monde plus individualisé (pour ne pas dire « individualiste »)… Tout cela n’est ni bien ni mal, mais a tout de même pour conséquence importante une perte de repères, un isolement relationnel et une tendance à ne pas se mêler de ce qui se passe chez les autres.
Donc on est seul, on ne sait pas trop comment faire, les parents ne sont pas toujours à côté pour nous conseiller, et on imagine que chez les autres tout est lisse et parfait.
Comme nous sommes en outre dans une société de la perfection, on se met une pression de fou pour y arriver, tout en ayant la sensation de ne jamais « être assez bien ».
Mon accompagnement des parents m’a amenée à me questionner sur le burn-out parental. Et j’ai découvert l’ouvrage de Violaine Guéritault, un des premiers à aborder ce sujet : « La fatigue physique et émotionnelle des mères ».
Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant, c’est qu’elle a fait la découverte de l’existence de ce trouble en étudiant le burn-out professionnel. Parce que, justement, les symptômes, tout comme les critères de risques, étaient similaires.
Quels sont les symptômes de l’épuisement professionnel ?
On présente trois stades :
1. Une fatigue physique et émotionnelle, le sentiment de n’arriver à rien, une certaine irritabilité (voire une irritabilité certaine)… et le cercle vicieux qui empêche de sortir de cela…
2. avec le risque de s’enfoncer encore plus bas, et de se distancier émotionnellement (éloignement de ses enfants, démotivation pour le boulot…)
3. voire, dans les cas les plus graves, se déconnecter complètement de la réalité de sorte qu’on n’est plus capable de répondre aux besoins les plus basiques, de l’emploi ou des enfants.
Y-a-t-il des critères de risques du burn-out ?
Un métier :
- où l’on a une certaine responsabilité (sachant que cela peut s’avérer très subjectif),
- où on est régulièrement interrompu
- et où on est peu, voire pas, valorisé.
Par la suite, j’ai entendu que l’on parlait d’autres types de burn-out.
Le burn out conjugal notamment ! J’ai moi-même parlé de burn out administratif quand, six mois après mon expatriation en France, malgré un quasi temps plein à essayer de me dépatouiller avec différentes administrations, je n’étais encore nulle part et commençais vraiment à « fatiguer ».
Dans mon expérience lors de consultations, j’ai d’ailleurs pu me rendre compte qu’il devenait de plus en plus difficile de définir de « quel burn out » souffraient les personnes. Familial, conjugal, professionnel, … de vie ?
Et si vouloir le définir était encore notre satanée manie de mettre des étiquettes sur tout ?
Si simplement on le voyait comme un trop plein de recherche de perfection ? Et donc un excès de stress ?
A force de mettre la barre trop haut (efficacité, perfection, absence totale de conflit ou d’erreur…) on se met devant l’incapacité à répondre à nos attentes.
En d’autres mots, on se met en stress. Tout ce stress se vit dans le corps, c’est d’abord lui qui trinque à se montrer combatif.
Il utilise le carburant, et encore et encore.
Puis il ne peut plus, il se fatigue, il ne se régénère plus… et on a mal, on est fatigué, on ne remonte plus la pente, on se démotive… Tout ça par manque d’énergie vitale. On a tout brûlé de l’intérieur.
Comment prévenir ? Comment guérir le surmenage ?
La réponse est à peu de choses près la même pour ces deux questions.
- Déjà admettre que nous ne sommes pas parfait, et pour la simple et excellente raison que c’est impossible et que personne ne l’est.
- Se donner, du coup, des objectifs atteignables, réalistes (et donc parfois revoir à la baisse, faire des choix, déléguer.)
- Se permettre de souffler, pour donner la possibilité à notre corps de revenir à la normale lors d’une parenthèse entre deux périodes de stress modéré (ça peut être une sortie avec les copines, un bon bain, un moment à glander devant la télé, une soirée à danser, un repas en amoureux, peu importe tant que ça nous fait du bien)
- Aller chercher la valorisation. Nul n’est mieux servi que par soi-même, donc si on arrive à se voir positivement, et même se le dire, par exemple devant le miroir, c’est top ! Mais demander parfois à notre entourage ce qu’il pense de nous, « tiens dis-moi un peu un truc positif sur moi »… parce qu’on n’est pas habitué à dire ces choses qui « puisqu’elles vont bien, sont normales », donc si nous en avons besoin (et c’est humain), exprimons-le clairement (personne n’est dans notre tête !)
Vous pouvez aussi vous mettre au langage positif et valorisant, en parsemant vos échanges de paroles valorisantes… Il y a fort à parier que vos proches vous emboîteront le pas !
On est aujourd’hui dans une culture où on attend de nous que nous nous donnions à 100%. Dans tous les domaines. Mais on oublie souvent de nous dire de nous donner à fond pour nous avant tout. Car sans ça, le reste risque de passer à la trappe un jour ou l’autre.
Florence Beuken
Educatrice spécialisée et thérapeute systémique et familiale, j’accompagne les personnes à un mieux-être individuel (lutte contre le burn out) et familial (communication authentique).
www.ecoutedesoi.fr
Page facebook : www.facebook.com/ecoutedesoi
Mon blog : http://therapeutemaispasque.over-blog.com
Pour me contacter : ecoutedesoi.fr
Merci Florence pour ce regard très clair et poser sur ce vaste sujet ! On y voit toute ton expertise à ce sujet. J’aimerais bien t’entendre parler un peu plus au sujet du burn-out familial – ou comme tu le dis si bien tout simplement un trop plein de stress. Je pense que c’est une thématique vraiment négligée et c’est extrêmement important d’échanger sur le sujet. Car l’essentiel est de reconnaitre ce trop – par perfectionisme, certe, mais en partie aussi imposé par notre style de vie qui est de plus en plus exigeant et les demandes familiales qui restent les mêmes. Si tu as envie d’en parler dans un article sur mon blog ou lors d’une interview, je serai très contente d’en parler !
Merci beaucoup Annaick de m’avoir donné la parole sur ce sujet qui me passionne.
Ulrike, ce serait avec grand plaisir !
Florence
J’ai beaucoup aimé cette phrase « roule pas sur la réserve » je la réutiliserai ! merci !
Savoir souffler est effectivement indispensable. Merci pour cet article !
Merci pour cet article. Il est important de proposer des actions préventives dans la sphère professionnelle et privée afin de ne pas arriver en situation de burn-out. Mais il est à noter que de nombreuses entreprises ont compris l’intérêt d’accompagner leurs collaborateurs dans une démarche de bien-être pour un quotidien bienveillant et épanouissant.
Moi aussi cette expression m’a beaucoup plu !
Merci à toi Florence pour cette colloboration !
C’est une excellente idée Ulrike, déjà qu’on peut avoir honte du burn out professionnel mais le burn out familial est encore plus tabou, un article serait très utile !
Oui et pourtant souvent on oublie … les conseils les plus simples sont utiles à rappeler !
C’est vrai que certaines entreprises proposent des actions en entreprise de prévention, de yoga, etc. et c’est tant mieux !