Aujourd’hui dans les témoignages de reconversion, le parcours d’Emeline que j’ai contactée après avoir découvert sa page Instagram @jemangequoicesoir qui me sauve d’un vrai casse-tête quotidien !
En voyant ensuite sur son profil qu’elle avait fait comme moi l’École du Louvre, j’ai eu envie qu’elle nous raconte sa reconversion dans la cuisine, pourquoi avoir quitté le monde de la culture, et comment elle vit aujourd’hui d’un autre métier passion donc !
Comment trouver sa voie … (un emploi ?!) quand on a une formation culturelle ?
Bonjour pour commencer est-ce que tu peux me raconter ton parcours ?
Alors j’ai fait un Bac ES, je suis très curieuse et il est difficile pour moi de rester sur un sujet. J’ai toujours eu des doutes sur ce que je voulais faire. Au lycée, j’avais des idées tous les 3 mois, c’était dur de me poser.
J’ai vu un conseiller d’orientation qui m’a dit que j’avais un profil plutôt littéraire et artistique.
Alors comment es-tu arrivée sur le milieu culturel ?
Alors je me suis inscrite à un double cursus pour être commissaire-priseur, on m’avait parlé de ce métier et j’ai trouvé l’idée séduisante !
Le cursus était très exigeant avec l’École du Louvre et la fac de droit de Sceaux. C’était nouveau et difficile de suivre les deux cursus en même temps.
J’ai détesté le droit, j’ai beaucoup travaillé et j’ai eu des mauvaises notes (ce qui ne m’était jamais arrivé !). C’était beaucoup trop rigide, normé.
J’étais malgré tout motivée par le double cursus je me suis accrochée la première année.
Mais la 2ème année, j’ai vu que :
- vraiment je n’aimais pas le droit,
- le métier de commissaire-priseur et le marché de l’art me passionnaient peu
- et que ça allait être compliqué d’y faire ma place.
J’ai donc arrêté le double cursus et je suis consacrée à histoire de l’art.
Quel est ton parcours en Histoire de l’Art alors ?
J’ai passé une licence à la Sorbonne pour commencer.
Pendant cette année de Licence, je suis partie en Erasmus à Édimbourg et à ce moment-là, j’ai décidé de lancer un blog culinaire. Je faisais des photos avec mon reflex, j’écrivais sur le blog, etc.
Tu faisais déjà des photos avant ?
Juste avant en fait, pendant mes 2 ans à la Sorbonne, j’ai fait un stage chez un galeriste en archéologie et je devais faire les photos pour les catalogues de vente.
Et ça m’a beaucoup plu, je me suis mise à fond là-dessus !
Et donc de ce « petit stage », de cette découverte tu tires le fil dans ton Erasmus dans la cuisine, qui est aussi quelque chose que tu aimes personnellement ?
Exactement !
La cuisine c’est un goût que ma famille m’a transmis et à Édimbourg, j’avais pas mal de temps et la gastronomie y est top, c’était le paradis de la food donc je me lance dans ce blog.
Puis je rentre à Paris et je continue le blog tout en poursuivant mes études.
Et après ta Licence, tu choisis de retrouver l’École du Louvre ?
Oui, je passe par équivalence à l’École du Louvre, pour le Master de Médiation Culturelle. J’ai fait mon premier stage au musée Henner pour l’accueil des publics spécifiques (handicapés, réfugiés), c’est ce qui m’intéressait vraiment beaucoup.
Puis pour le 2ème stage, je choisis « une grosse usine de la culture » et je fais un stage au château de Versailles.
Mes collègues étaient des anciens stagiaires et je me dis que c’est encourageant que je vais peut-être trouver du travail dans le milieu culturel …
Mais je vois quand-même que c’est ET précaire ET mal payé. Je ne vois pas de perspective d’embauche stable et je me dis si Versailles n’embauche pas, je ne vais jamais trouver nulle part.
Comment as-tu vécu cette fin d’études dans le domaine culturel ? Ce moment où l’on cherche un boulot ?
Comme étudiant, on y croit, on nous dit que ça va être difficile de trouver du travail mais on a tendance à se dire que pour nous ça va être différent, qu’on va y arriver.
On voit beaucoup de personnes qui (comme nous 2 aujourd’hui !!) ont fait des études d’art et font complètement autre choses mais on se dit qu’on va réussir à en vivre…
Puis, je me suis rendue compte que finalement moi aussi j’allais peut-être faire autre chose après et – comme tous les étudiants dans le culturel probablement – j’ai eu une grosse crise existentielle.
J’ai pensé à pleins d’autres métiers possibles, naturopathe par exemple.
Je n’étais clairement pas prête à galérer tout le temps pour avoir des boulots mal payés, précaires, toute une vie.
Reconversion de la culture à la cuisine : il n’y a eu qu’un pas ?
Alors on a vu la food faire une petite apparition avec le blogging jusqu’ici mais comment as-tu fait une reconversion dans le monde de la cuisine concrètement ?
Chaque été je me disais que j’aurais dû faire des études de pâtisserie. Mais j’avais fait un stage en restauration et les horaires me bloquaient clairement.
Mais la cuisine était clairement au cœur de ma vie : je cuisinais beaucoup, je ramenais tout le temps des gâteaux à mes collègues « j’étais la fille food ! », et il y avait le blog bien sûr !
Et puis un jour, j’ai une amie qui me parle d’un poste de chef de rubrique food sur le site d’emploi profil culture.
C’est de la vidéo donc je me dis que ça ne va pas marcher mais j’ai quand même refait mon CV en mettant en avant la food (si vous voulez en savoir plus sur les règles du CV : c’est par ici ) et le lendemain j’ai eu un entretien !
Comment as-tu préparé cet entretien pour être chef de rubrique food ?
Je ne savais pas faire les vidéos, j’ai lu un PDF de montage vidéo dans le bus !
Le feeling est très bien passé pendant l’entretien. Ma chef en fait avait aimé mon blog et les photos qui y étaient publiées ! Elle avait vu beaucoup d’autres personnes mais elle m’a retenue grâce à mon blog.
J’ai directement enchaîné avec le chef et la RH dans la foulée et 2h après j’avais un message pour dire OK c’est bon !
Alors comment se sont passés les débuts dans ce métier de rédactrice en chef de la rubrique cuisine chez Oh My Mag ?
C’est parti sur les chapeaux de roue ! Tout était nouveau à tout point vu.
C’était stressant avec une grosse pression et j’ai dû m’adapter en 1 semaine.
Pour ma 1ère interview avec un chef, juste avant l’interview je me prends une porte vitrée et j’ai une bosse énorme qui arrive et j’étais filmée !
A la fin de la semaine je suis allée voir ma chef pour la rassurer et lui dire que ça allait le faire et ça l’a fait !!
Et par la suite est-ce que ce métier t’a plu ?
Je suis arrivée en septembre pour un CDD de 9 mois renouvelable, qui s’est finalement transformé en CDI.
Ça a été un peu éprouvant mais finalement ça fait 2 ans que je suis là !
Un jour, j’aimerais évoluer dans un média entièrement dédié à la food, m’essayer à la presse papier et écrire un livre de cuisine.
Pour résumer ton métier de chef de rubrique cuisine quels sont les plus et les moins du métier pour toi ?
Alors les plus :
- C’est un métier sympa, tu découvres beaucoup de produits, de chefs, les gens sont marrants !
- C’est un métier qu’on peut apprendre sur le terrain, peu de gens sont issus d’école donc pour une envie de reconversion : on peut se former vite.
- C’est un métier créatif, on peut arriver avec des idées de nouveaux formats, ça peut se tester vite, se mettre en place rapidement et c’est vraiment agréable.
Les moins :
- On est contraint par les audiences, etc. dans le journalisme web, la durée de vie d’un article, il faut que l’article marche vite. Comme la pression économique n’est pas mon « cœur d’intérêt » c’est parfois un peu dur pour moi !
Je voudrais avoir plus de temps d’aller plus à fond sur un sujet, de contacter des experts, …
Quelles sont à ton avis les compétences nécessaires pour réussir dans le secteur de la food ?
- Être très polyvalent, être flexible
- Communiquer
- Etre créatif, imaginatif pour trouver des idées,
- Etre curieux de tout (le défaut d’être trop curieuse est ici une vraie qualité !!!)
- Etre réactif
Jemangequoicesoir : entreprendre dans le monde de la food !
Et à côté de tout ça tu as aussi créé ta société dans l’univers de la food aussi ?
Quand j’ai commencé à travailler, j’ai arrêté mon blog sinon je ne faisais que cuisiner et prendre des photos de plats !
Je me disais que mon blog avait été un tremplin et que ça n’avait plus de sens.
Mais en février, je me suis dit que mon blog était aussi une vitrine qui pourrait me servir pour des projets futurs et j’ai eu envie de pouvoir aussi refaire des photos et plats de mon choix !
Et c’est parti aussi de mes collègues qui me demandaient ce qu’elles pouvaient faire à manger et je donnais des idées à tout le monde : on m’a dit « fait en un business » !
Et hop « jemangequoicesoir » est né si je comprends bien !
Exactement le soir même j’ai lancé un compte Insta. Mon but c’est de faire simple et à refaire chez soi.
Et le confinement est arrivé, j’étais beaucoup à la maison, j’avais du temps pour faire plus de création.
Et ça a commencé à vraiment décoller, les gens ont commencé à partager à leurs amis, et là je suis à 20 000 followers en 8 mois.
Et comment est venue ensuite la création de société ?
L’entreprenariat ne m’a jamais bottée, je me suis toujours dit que ce n’était pas pour moi mais là j’ai eu une proposition de partenariat rémunéré…
Tout l’été je me suis tâtée, j’ai la flemme de faire des choses administratives mais je l’ai fait !
Et depuis comment se développe le projet ?
Mon problème ça a été de facturer : me faire payer pour ce j’aime et à quel prix . C‘était difficile pour moi de chiffrer quelque chose que je faisais par passion.
Du coup pour la 1ère facture, j’ai compris depuis que je n’étais vraiment pas chère !!!
Et l’idée c’est de créer :
- ma boite comme photographe en proposant des partenariats à des marques
- puis en termes de développement pourquoi pas la vente de ebook,
- et créer un livre de cuisine (et avoir une communauté Instagram ça marche bien pour ça) : avoir mon nom sur un livre c’est un rêve !
Tout va très vite depuis février et quand c’est parti il faut monter dedans mais parfois je manque de temps ! Mais je ne me sens pas prête à lâcher tout de suite mon job !
Quels seraient tes conseils pour des personnes qui
- comme toi peut-être sont dans le secteur culturel et « galèrent »
- ou qui veulent vivre se reconvertir dans la cuisine ?
- Il faut y croire et être attentif aux opportunités.
- Les compétences d’histoire de l’art, de beau, de créativité me sont utiles et le blog « passion » est un tremplin.
- Dans la food ce qui me bloquait ce sont les horaires des restaurants et là je m’y intéresse sans les horaires du soir et du we mais je n’aurais jamais envisagé ce métier, je ne le connaissais même pas !
- J’ai réussi à me créer ce truc ! J’ai fait un projet sur-mesure en me disant que c’est possible, que les choses se passent.
Et ma question de la fin : et si c’était à refaire ?
Peut-être pas histoire de l’art !! Mais en même temps c’est grâce à une rencontre au Château de Versailles que j’ai ce job !
En fait il faut être attentif, s’écouter, écouter sa petite voix.
Le problème c’est qu’on ne s’écoute pas assez. Si tu as envie ça peut marcher, on trouvera toujours une solution tant qu’on est ouvert flexible sur la suite.
Si t’as envie de quelque chose va le chercher, les efforts vont mener à quelque chose parce le travail on y passe beaucoup de temps, si on y est mal on est mal partout !
Je ne regrette pas les choses mais j’ai toujours une grosse niaque et j’agis on me dit que c’est facile mais c’est « juste » que j’agis.
Oser, encore et toujours !
A la suite de cette phrase nous avons beaucoup discuté sur cette force qui permet à Emeline d’agir.
C’est une force que je vous pousse à entretenir quand je vous accompagne car effectivement sans elle rien ne se passera jamais ! (un article sur l’importance de l’état d’esprit dans une reconversion si vous avez envie d’en savoir plus)
Puis nous avons parlé du triangle de Karpman, de ne pas vouloir sauver les autres malgré eux … du syndrome de l’imposteur… alors je ne vous ai pas tout écrit mais vraiment c’était une très belle rencontre et c’est aussi pour ça que j’adore mon métier :
- je ne connaissais pas Emeline avant,
- j’ai vu son parcours,
- je lui ai envoyé un message LinkedIn pour lui demander si elle acceptait une interview,
- elle m’a répondu oui avec enthousiasme (et il m’arrive de faire pareil et personne ne me répond et vous savez quoi ? Je n’en meurs pas !!).
Alors que retenir de ce super témoignage pour vous ?
- Osez osez osez et pensez à la force du réseau aussi ) et nous voilà 2h après sur une belle interview à partager mais aussi un beau partage humain tout simplement.
- Laissez vous faire « des petites choses » même sur le non professionnel comme le blog, comme des stages, explorez, écoutez-vous comme le dit si bien Emeline
Si vous avez du mal à explorer seul : je vous propose un article 15 exercices pour trouver sa voie pour vous aider à vous écouter.
- Osez avant de savoir ! N’attendez pas d’avoir toutes les compétences pour oser, pensez compétences transférables
Et si vous vous sentez un peu perdu sur ce chemin, les accompagnements TROUVER SA VOIE sont là pour vous aider à faire le point et à avancer sur le fond et sur le mindset !
Et comme vous êtes comme moi affamé maintenant avec toutes ces photos des créations culinaires, filez retrouver Emeline par ici :
Emeline, chef de rubrique cuisine, photographe culinaire et créatrice de recettes
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