Un nouveau témoignage au sein des portraits de reconversion aujourd’hui, celui d’Odile qui vient nous partager son parcours de reconversion au joli métier de fleuriste.
Ce métier vous a-t-il déjà fait rêver ? Moi, un peu, parce que j’aime beaucoup les jolis bouquets, les pivoines, les couleurs… mais je suis aussi allergique à pas mal d’entre elles et Odile m’a aussi partagé une contrainte métier qui a stoppé toute possible reconversion dans ce métier pour moi : le lever aux aurores 😉
Je vous laisse découvrir le cheminement d’Odile, les joies et les difficultés du métier de fleuriste. Merci Odile !
(les bouquets qui illustrent l’article ont été réalisés par Odile et je dis whaouuu, vous aussi j’imagine !)
Pourquoi une reconversion vers le métier de fleuriste ?
Bonjour, pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et professionnel ?
J’ai un doctorat en sciences pharmaceutiques. Je voulais être vétérinaire, mais j’étais trop « nulle » en maths !
Après un post-doc à l’institut Pasteur, j’ai travaillé 15 ans au sein d’une entreprise de l’industrie du diagnostic médical dans laquelle j’ai énormément évolué, occupant différents postes à responsabilité, R&D, marketing, business development. J’ai travaillé avec des experts, des médecins dans les biothérapies et en cancérologie et notamment à l’introduction en bourse de l’entreprise… c’était passionnant, mais aussi stressant avec une grosse pression des chiffres, beaucoup trop de réunions …
Et puis, sous la pression des investisseurs, il a fallu que je licencie l’équipe de la filiale que je dirigeais, car elle n’était pas assez rentable et je ne l’ai pas supporté. J’ai « profité » de la situation pour accepter un licenciement économique.
Comment est arrivé le projet de reconversion comme fleuriste à ce moment-là ?
J’ai suivi un outplacement et on me parlait de postes à grande envergure comme ceux qu j’avais occupés, mais je n’avais plus envie de cela.
J’ai pu faire à ce moment un bilan de compétence et aussi un travail personnel pour apprendre à mieux me connaître, savoir ce qui était essentiel pour moi, ce qui me faisait vibrer.
Je trouve qu’en vieillissant, il était important pour moi d’être proche de mes valeurs.
Alors pourquoi les fleurs ?
J’avais déjà envisagé de travailler dans les fleurs et c’est revenu comme un boomerang. Je suis hypersensible, les fleurs, c’est la beauté, la sensibilité, transmettre ses émotions, l’art, le manuel et la créativité aussi., c’était une sorte de rêve enfoui.
Une reconversion vers le métier de fleuriste : le parcours, la formation
Alors entre l’envie de se lancer dans le métier de fleuriste et la réalisation, il y a une phase que j’appelle dans les accompagnements « je ne rêve pas ma vie » ! Pour découvrir la réalité du métier avant de se lancer. Qu’avez-vous fait en ce sens ?
J’avais fait une semaine d’immersion pôle emploi, ce n’est pas forcément suffisant, mais c’est indispensable a minima.
J’avais ensuite interviewé beaucoup de fleuristes sur leur vie, leur quotidien, tout comme le font beaucoup de personnes avec moi aujourd’hui !
Et une fois le projet « validé », quelle formation avez-vous faite ? sont-elles réglementées ? obligatoires ?
Je voulais faire une formation avant de me lancer pour apprendre les techniques de base, la gestion d’une entreprise. J’avais besoin d’un socle de référence pour être crédible et reconnue.
J’ai donc suivi une formation de 1 an à distance, j’avais besoin d’être libre et de m’organiser comme je voulais.
J’ai fait des stages à Paris, en région parisienne, pour me rendre compte de la vraie vie en boutique.
Et j’ai passé mon CAP un an plus tard ! C’était une très chouette période avec du temps pour moi, du temps de découverte, d’expériences diverses.
On n’est pas obligé d’avoir un CAP pour gérer une boutique (même si cela est fortement recommandé) mais on l’est pour prétendre à la qualification d’ « artisan fleuriste ».
En quoi consiste la formation pour devenir artisan fleuriste ?
La formation suivie chez Naturadis était très complète et très diversifiée avec :
- de la pratique: créations de compositions florales utilisant diverses techniques communes du métier
- du dessin
- du travail sur les harmonies, les couleurs
- de l’histoire de l’art floral
- de la biologie végétale
- de la reconnaissance de végétaux, des maladies des plantes et c’est très important pour pouvoir apporter du conseil
- une partie plus commerciale pour apprendre les techniques de vente, appréhender le client, la transmission florale
- et une partie de gestion d’entreprise, de comptabilité, gestion des stocks…
Le métier de fleuriste évolue. C’est un environnement qui innove, qui s’est complexifié et il est important de s’intéresser au développement de l’entreprise, à internet, aux canaux de communications.
Et comment vous êtes vous lancée ensuite ?
J’avais élaboré une étude de marché, mon business plan mais je ne me voyais pas gérer une boutique seule.
C’est un métier dur physiquement, il faut se lever très tôt le matin pour aller acheter les fleurs (vers 3h du matin) pour enchaîner ensuite sur la journée derrière, c’est assez épuisant, à deux, c’est plus facile.
Je me suis rapprochée de la personne chez qui j’avais fait mon stage initial d’immersion et nous nous sommes associées.
Le métier de fleuriste
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le métier de fleuriste ?
La création ! Le choix des fleurs, mixer les variétés et jouer avec les couleurs est la partie la plus exaltante.
J’adore cheminer dans la boutique, “picorer” les fleurs fraîches dans les vases et créer ainsi, en mouvement, un joli bouquet déstructuré avec, pourquoi pas, une touche de fleurs séchées. J’adore faire des bouquets ou arrangement floraux à ma façon et rendre les personnes heureuses, les surprendre, les émerveiller. Toutes mes créations sont uniques et changent au fil des saisons, selon les fleurs et les envies du moment. C’est un vrai bonheur quand les clients me disent qu’ils ressentent ma sensibilité à travers mes bouquets, que leurs yeux pétillent !
Quelles sont selon vous les qualités nécessaires pour devenir fleuriste ?
Il faut être passionné avant tout !
Ensuite, il faut aimer se lever tôt ! Et avoir une bonne condition physique.
Être chef d’entreprise, c’est être autonome et audacieux.
Et nous en parlions tout à l’heure, quelles sont les difficultés de ce métier ?
Il est important de ne pas sous-estimer la pénibilité physique : on est dans le froid quasi toute l’année, en hiver pas de chauffage et les portes ouvertes. En été, il y a la climatisation pour préserver les fleurs de la chaleur
C’est un métier avec de la saleté, des déchets, il faut nettoyer les vases, c’est beaucoup de manutention.
On travaille également les week-ends donc on est un peu décalé par rapport à sa famille, ses amis. Travailler à deux est une bonne solution pour pouvoir alterner et limiter ce type de contrainte.
Comment avez-vous géré cette reconversion d’un point de vue financier et quels sont les revenus d’un fleuriste ?
Le Contrat de Sécurisation Professionnelle m’a permis d’avoir une année de salaire complet puis suivi par le chômage, donc la « transition » a été plutôt confortable.
Auparavant, j’avais un salaire très confortable et j’ai dû accepter une baisse significative de revenu. Le métier de fleuriste ne paie pas très bien, mais je n’ai pas l’impression d’aller travailler ! Je me sens libre.
En revanche, je souhaitais tout de même une rémunération correcte et j’ai énormément travaillé en ce sens pour développer l’entreprise. Il y a de nombreux défis à relever dans notre secteur.
Pendant la période Covid, j’ai ainsi développé un site internet, mis en place ensuite le service de Click & collect dès que cela a été possible.
Je me suis également intéressée aux réseaux sociaux. Les fleurs permettent un travail visuel impactant pour se développer sur internet et sur les réseaux sociaux et les fleuristes ont un tournant à prendre, d’autant que nous faisons face aujourd’hui à des habitudes de consommations qui changent, à une flambée des prix d’approvisionnement et en face à un pouvoir d’achat en baisse.
Les enjeux de la profession sont forts et c’est exaltant !
Et ma question traditionnelle de la fin, « et si c’était à refaire ? »
J’ai réalisé un rêve en devenant fleuriste, je suis fière de ce que j’ai accompli !
Il faut beaucoup de courage pour lâcher une situation financière confortable, beaucoup d’énergie pour développer un commerce ! J’ai su exploiter des ressources et mes acquis professionnels antérieurs, ma créativité et la sensibilité qui m’animent.
Mais si je devais le refaire, je le ferais certainement un peu différemment en m’associant toujours, mais plutôt en partant de zéro pour créer une identité nouvelle. Il y a des avantages évidemment à travailler avec quelqu’un d’expérience dans une boutique bien établie, mais il est aussi compliqué d’arriver dans un endroit avec sa clientèle, qui a ses repères, et de bousculer les habitudes.
J’aime le challenge et explorer de nouvelles choses et je suis de fait dans un nouveau processus de changement qui ne m’effraie pas du tout cette fois-ci. Cette première reconversion m’a donné confiance dans ma capacité à rebondir !
Comment devenir fleuriste
Les informations pratiques
Les qualités pour devenir fleuriste
- Le sens esthétique
- Le sens du contact
- La gestion
- Les connaissances horticoles
Quelle formation pour devenir fleuriste ?
Comme nous l’explique Odile, aucun diplôme n’est obligatoire pour travailler ou s’installer en tant que fleuriste.
Néanmoins, il est fortement conseillé de suivre une formation pour réussir sa reconversion. Elle peut se faire à distance pour partie, mais les stages sont clés ensuite.
Vous pouvez valider :
- Le CAP fleuriste
- Le Bac Pro conduite productions horticoles ou le Bac Pro technicien-conseil-vente en produits de jardin
- Le BP fleuriste et le brevet de maîtrise fleuriste
Pour aller plus loin
Pour aller plus loin sur les thèmes abordés avec Odile :
- partir de soi, de ses valeurs est effectivement important dans une reconversion : vous trouverez des articles pour vous aider à mieux vous connaître et sur vos valeurs au travail
- l’importance d’aller dans le concret des métiers ensuite via des enquêtes, mais aussi des stages : vous pouvez retrouver les différentes étapes d’une reconversion réussie dans cet article
- si vous avez envie de découvrir d’autres portraits de reconversion dans des métiers manuels, créatifs
Je vous propose ensuite de réfléchir aux critères clés pour vous dans votre futur projet à travers ce guide OFFERT :
Si vous sentez que vous avez besoin
- d’aller plus loin dans le démêlage,
- de valider que ce projet est le bon
c’est ce que nous faisons dans le programme TROUVER SA VOIE, la Grande Aventure !
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