Je suis ravie aujourd’hui de vous présenter un nouveau témoignage de reconversion dans un métier créatif cette fois-ci : les tissus bio avec Rebecca qui a créé la marque Mars-ELLE.
Ces témoignages de reconversion sont là pour vous inspirer, vous donner des idées, vous permettre d’oser le changement !
Au départ, une carrière en thermodynamique
Bonjour Rebecca, alors pour commencer et comprendre ta reconversion peux-tu nous raconter ton parcours ?
Alors, j’ai fait des études d’ingénieur mécanicienne en Belgique, je suis diplômée en thermodynamique. J’ai travaillé chez Engie en Belgique pendant 10 ans, dans les centrales de tout genre : nucléaires, gaz, électriques et j’ai beaucoup voyagé.
J’avais une position d’expert mécanicienne pour les turbines à vapeur.
Et au fur à mesure que j’ai avancé, cette posture d’expert me convenait de moins en moins.
Qu’est ce qui ne te plaisait pas précisément ?
Je suis plutôt touche-à-tout, j’ai hésité entre les beaux-arts, ingénieur…
Et cette filière d’expertise ne me collait pas vraiment. J’ai demandé à évoluer vers une filière de gestion de projet et ça ne s’est pas fait rapidement.
Et après 10 ans, quand je suis partie sur une gestion de projets, le projet était « pourri » … et ça a été la goutte d’eau.
J’avais un peu peur de me voir au même endroit pendant 40 ans aussi.
Alors du coup tu as décidé de changer de métier ?
Oui, à ce moment-là, j’étais en Grèce en expatriation avec mon conjoint. Je travaillais en « full remote » (à distance) puisque je voyageais tout le temps je pouvais être n’importe où.
Mais avec le fait d’être à l’étranger, je me suis dit « je vais sauter du wagon» et je le reprendrais si je veux plus tard mais je vais explorer d’autres pistes.
Alors, il y a 2 ans, j’ai lancé Mars-ELLE une marque de tissu bio.
Une reconversion dans un métier créatif :
les tissus bio Mars-ELLE
Ok, des centrales au tissu bio, il y a un vrai gap ! D’où vient cette idée de reconversion dans un métier de la création ?
Le tissu était une passion, je fais de la couture depuis toujours, je couds tous mes vêtements.
Et la création d’une marque répondait à mon envie de toucher à tout.
Tu as toute suite eu cette idée ou tu as hésité ?
Au départ j’ai aussi pensé à travailler dans les ONG.
J’avais eu aussi l’idée de me lancer dans une production de couture, j’ai fait des tests, de faire des sacs sur mesure. J’ai fait quelques sacs pour des copines.
Et à un moment les tissus bio sont devenus une évidence.
Mais je dirais aussi de faire attention, ce n’est pas parce qu’on a une passion que c’est la meilleure idée de reconversion. Pour la couture je me suis demandée si ça n’allait pas me éteindre ma passion.
Il faut bien réfléchir à quoi on a besoin : moi je suis multi casquette donc le projet actuel me convient mieux !
Moi aussi je veux trouver mon métier « évidence » !!
Alors pourquoi ce nouveau métier de créatrice de tissu bio ?
Pour moi la question écologique est assez centrale. Le choix de mes études était lié à ça. Je voulais travailler dans les énergies « pas propres » pour insuffler du plus propre.
Ma stratégie n’a pas fonctionné mais la question écologique a toujours été centrale.
Quand j’ai découvert la couture, j’ai conscientisé qu’en plus de l’exploitation de la main-d’œuvre, nos vêtements sont aussi responsables d’une pollution très importante.
Le bio était donc une 1ère évidence.
Ensuite les tissus bio étaient bleus, kakis et écrus et donc j’ai laissé parler mon envie de tissus colorés, imprimés.
Tu as « la chance » d’avoir eu l’idée ce que beaucoup cherchent en stressant ! Est-ce que pour autant ça t’a levé les doutes ?
Non pas du tout ! Les doutes sont présents et nombreux !
- Est-ce que ça va vraiment me plaire ?
- L’herbe est toujours plus verte ailleurs mais on ne sait pas ce qu’on va avoir dans cet autre boulot
- Est-ce que je ne suis pas en train de fantasmer sur autre chose ?
- Et au niveau financier comment ça va se passer, il va falloir vendre et ça n’a pas été dans mon ADN
Tu t’es fait accompagner du coup sur ces doutes ?
Au moment où je me suis lancée j’ai vu que j’étais seule avec une montagne de doutes, et j’ai pris une formation en ligne.
Et ça m’a été utile sur des choses très pratiques : monter un site internet, communiquer, faire une newsletter… Ça a allégé cette charge mentale du lancement solo !
Tu dis que la vente n’était pas dans ton ADN, comment tu dépasses ça parce que c’est quelque chose qui revient souvent avec les personnes qui veulent se lancer ?
C’est une réalité que j’affronte tous les jours.
Il y a les étapes de vente : mettre sur une boutique, un prix…
Mais ensuite je dois aussi gérer ma relation à l’argent, mes prix sont justifiés, je dois pouvoir en parler. Je n’ai pas trop géré ces problématiques là au début en ne faisant pas un business plan détaillé. Je travaille ça plus en détail maintenant.
Il y a des statuts qui permettent de se lancer sans trop de compta et c’est super mais en se développant, il est nécessaire d’affronter tous ces sujets !
La reconversion à un métier créatif : les détails
Comment t’es-tu formée du coup pour cette reconversion ?
Beaucoup en autodidacte ! Moi je dessine, j’ai des fournisseurs pour le tissu et un imprimeur qui impriment mes dessins sur le tissu.
Avant de quitter mon boulot, j’ai passé une grosse année sur les outils de création graphique (Photoshop, Illustrator) en m’arrachant les cheveux en me disant que je n’y arriverai jamais.
Pour la partie pratico-pratique du textile je me suis lancée avec la naïveté du débutant et tant mieux ! J’ai posé des milliers de questions ensuite !
J’ai quand même suivi une formation sur l’aspect création d’entreprise en ligne !
Donc on peut faire une aussi grosse reconversion en se formant seule !
Oui !
Il y a aussi des passerelles inattendues avec mon ancien métier qui m’aident beaucoup !
Je savais négocier avec les fournisseurs et c’est important. Je connais et je m’intéresse à la technique des machines et ça crée des liens ! J’ai l’habitude de la négociation : timing, dédouanement, prix…
J’ai négocié avec tous types de personnalité et cette sensibilité avec différents profils je peux la réutiliser maintenant.
La question qui tue : est-ce que tu t’y retrouves financièrement ?
Pour le moment, je suis encore sur une activité qui demande du stock mais je suis dans mes prévisions de m’y retrouver après 4 ans. Cette année mon objectif est d’avoir un premier tout petit salaire.
J’ai une très grosse saisonnalité en février et en avril. Il faut apprendre à lisser. Les clientes cousent au printemps donc il faut gérer ses stocks.
Mais je n’ai pas fait d’emprunt, ni de levée de fonds donc je démarre lentement.
Mais avoir un produit physique à produire est plus lent.
Tu n’as pas eu à faire de trop gros investissements pour ce lancement dans la création de tissu ?
Les plus gros investissements sont l’achat de tissus, mais ensuite non je n’ai pas acheté de machines. Ça viendra peut-être !
Le métier de créatrice de tissu bio
Qu’est-ce que tu dirais sur ton nouveau métier : le super pour commencer !?
Ce n’est pas un nouveau métier mais 14 nouveaux donc c’est super :
- j’ai de la pure création artistique de motif,
- j’ai le contact avec les clients,
- la vision de marque …
La variété d’étapes est super et je vois après 2 ans que même les choses que j’aimais moins j’apprends à les gérer et du coup j’aime mieux.
Par exemple les réseaux sociaux, j’ai appris à comprendre comment s’en servir, les codes et je me dis que je ne confierai pas ça à quelqu’un parce que c’est mon image de marque et que j’aime ça.
Pareil avec la logistique avec des moments physiques qui font aussi des pauses agréables.
Qu’est ce qui est plus dur ou moins bien ensuite dans le métier de créatrice ?
C’est parfois un peu stressant de faire de la création artistique et ensuite du suivi client très carré !
J’avais déjà ça avant, c’est le syndrome de l’imposteur.
Je n’ai pas fait d’études dans la mode et déjà avant j’avais l’impression de ne pas être experte alors qu’en fait je l’étais … ici je ne peux pas me cacher derrière un diplôme, une organisation, et c’est ma passion qui me rend légitime.
Ce syndrome de l’imposteur est un travail à faire contre soi-même parce que mes clients aiment ce que je fais.
Comment as-tu fait pour trouver tes premiers clients ?
J’ai appliqué la méthode de ma formation en ligne : j’ai ouvert un blog avec des articles sur le tissu, avec des tutos, lancé une newsletter. Quand j’ai sorti la 1ère collection j’avais 300 personnes inscrites à la newsletter que j’ai prévenues du lancement de la collection. Il y avait un lien entre elles et moi et les 1ères clientes sont arrivées le 1er jour.
A retenir : on n’attend pas d’avoir le produit pour lancer le projet !
Quels autres conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans un projet de reconversion ?
Le premier est de bien s’entourer avec de personnes bienveillantes, d’en parler, d’échanger aller chercher de l’énergie positive autour de soi.
Ensuite de réfléchir à sa communication qui n’est rien de plus qu’une expression des valeurs de la marque. C’est important de mettre des mots sur pourquoi et comment on fait les choses et de communiquer dessus.
Ce n’est pas facile à mettre en place mais c’est la clé.
Et de se faire accompagner si besoin !
Et donc ta stratégie pour le futur ?
Je travaille mon blog et les réseaux sociaux. C’est une stratégie de contenu pour créer du lien.
J’ai fait quelques salons, mais ce n’est pas ce que je préfère et ça peut être cher donc j’en fais peu.
Je vais à la « fashion green day » à roubaix, des choses très ciblées.
Le fait d’être à l’étranger ça rajoute de la difficulté ou pas selon toi ?
Oui mais ça me facilite aussi la vie !
La facilité c’est que je ne l’aurais pas fait si j’étais restée en Belgique. J’aurais cherché un autre job avec mon diplôme d’ingénieur.
En expatriation, on est face à des nouveautés, on a l’esprit plus ouvert, c’est plus facile d’embrayer et d’oser !
Maintenant j’envoie des colis vers la France et la poste ça serait plus simple ! La logistique est plus compliquée.
Le réseau d’entrepreneurs a créé est plus long à faire quand on est loin, j’ai maintenant un petit réseau mais ça m’a pris du temps de le monter la 1ère année en plus de ne pas oser en parler.
Trouver sa voie et trouver du sens !
Faire taire la petite voix !!
La question de la fin : aujourd’hui tu es alignée, c’est que du bonheur ?!
Non ! Il y a des jours horribles, de doute que je n’avais pas auparavant.
Je me sens plus alignée mais il y a des jours où on peut se dire qu’est-ce que je suis venue faire dans cette galère !
Il y a un inconfort permanent dû au défi permanent.
Le changement génère de l’inconfort et on découvre toujours on adapte tout le temps on réfléchit tout le temps à améliorer et il faut apprendre à naviguer là-dedans.
Parfois on avance sans doute et parfois ça génère beaucoup de doutes.
Mon intention sur mon année est d’être plus cool !
Je dis aux personnes que j’accompagne que cette petite voix du doute est un petit canard posé sur mon épaule, et que de temps en temps je lui dis « ta gueule ». Si ça peut t’aider !!
Ah moi ma petite voix s’appelle Berthe et cette année je veux mieux m’entendre avec Berthe !
Trouver sa voie !
Je remercie Rebecca pour le temps qu’elle m’a accordé et pour tous ces précieux conseils !
Si vous avez lu cet article c’est peut-être que vous savez déjà que vous voulez aller vers des métiers de création, de couture, etc. et les astuces de Rebecca vont permettront sans doute d’avancer dans ce projet !
La question de la passion, de la mission de vie … revient très souvent quand j’échange avec tous ceux qui veulent changer de voie et qui me disent :
- mais je n’ai pas d’idées
- pas de passion
- pas de mission de vie…
Bref, je veux changer mais je ne sais pas quoi faire ! Vous pouvez aussi avoir plusieurs idées et ne pas savoir trier.
Alors si les doutes subsistent, vous pouvez :
- trouver des exercices, articles pour vous aider à faire naître des idées, faire le tri de vos projets : les articles pour « trouver sa voie » et d’autres témoignages de reconversion
- télécharger le guide OFFERT : les 3 premières étapes guidées pour trouver son projet
- ou si vous sentez qu’un accompagnement est nécessaire parce que vous avez déjà lu tout ça mais que ça tourne en boucle dans votre tête. Prendre RDV pour 45 Mn DIAGNOSTIC offertes pour voir si effectivement un accompagnement serait utile pour vous aider !
- Le détail de l’accompagnement TROUVER SA VOIE est ici, la prise de RDV pour lancer le mouvement maintenant juste en dessous 😉
- et si vous êtes en expatriation comme Rebecca : on peut avancer ensemble pour « TROUVER VOTRE PROJET EN EXPATRIATION » ! Sachant qu’il existe mille et une façon de travailler en expat 😉
Rebecca et Mars-ELLE
Ca vous a donné envie d’en savoir plus sur Rebecca ?
Alors vous retrouverez tout sur Mars-Elle : Créatrice de Tissu Biologique – Popeline, Jersey et Molleton bio
De La Nature À La Couture
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