Les portraits de reconversion que je vous propose sont là pour vous aider à comprendre comment se passe une reconversion, à découvrir un métier plus en détail.
C’est parti pour un témoignage de reconversion haut en couleur !
Portrait d’une reconversion en orthophoniste :
le choix du futur métier
Laurence pour commencer par le commencement ! Peux-tu nous dire ce qui t’a amenée à changer de métier ?
J’aimais beaucoup mon travail, auprès des clients comme avec mon équipe.
Mais j’étais de plus en plus embêtée du manque de justice, des blocages des salaires, des réversions toujours accentuées des actionnaires, des objectifs toujours plus grands.
J’avais une dissension entre mon esprit, très content, et mon cœur, très atteint.
J’avais besoin de réunir les 2 ; de remettre l’humain au centre, d’être plus « utile » dans la vie.
J’ai cherché pendant 2 ans ce que je pouvais faire d’autre, mais je ne trouvais pas, et je ne suis pas quelqu’un qui quitte pour rien.
Je réfléchissais beaucoup, mais je tournais en rond.
Et au bout d’un moment, j’ai décidé de me faire aider pour avancer.
Pourquoi as-tu eu besoin d’un accompagnement ?
A un moment, je ne trouvais pas les solutions moi-même. J’étais dans l’impasse.
Je savais ce que je ne voulais plus, mais pas ce que je voulais vraiment.
J’avais l’impression de voir un entonnoir, avec très peu de solutions devant moi, et aucune qui ne semble intéresser mon esprit et mon cœur.
Alors comment s’est déroulé cet accompagnement ?
Il fallait que je trouve le bon centre, la bonne personne. J’ai vraiment retenu la personne qui m’allait pour moi et c’est vraiment important je pense. J’ai beaucoup bossé pendant cette période de bilan.
Il y avait notamment une grille de mes qualités, de mes défauts, mes forces/faiblesses notamment.
Cette grille était à envoyer à des proches, professionnels et personnels, pour qu’ils puissent donner les métiers en accord avec cette grille. Les propositions les plus pertinentes ont été celles de collègues qui me connaissaient un peu, mais pas trop.
Suite aux retours des proches, j’avais plus de 100 métiers possibles.
Il m’a fallu sélectionner avec mes critères personnels ; je suis passée de 100 métiers à 20 puis de 20 à 10 et enfin à 4.
Tous étaient dans l’humain et l’accompagnement : professeur, sage-femme, orthophoniste et infirmière.
Comment tu as pu faire le tri pour arriver à une reconversion en orthophoniste ?
C’est une journée découverte avec une orthophoniste à Garches qui m’a fait adorer le métier. J’avais fait les autres journées découvertes sur les autres métiers et ils m’avaient moins plu.
Reprendre une formation pour une reconversion en orthophoniste !
Une fois ce projet validé dans le choix, il restait encore à le mettre en place concrètement et donc à reprendre tes études. Comment cela s’est-t-il passé pour toi ?
Quand j’ai lancé cette reconversion, l’entrée se faisait encore sur concours (ce n’est plus le cas en France), et je n’ai pas été reçue en France mais j’étais sur liste d’attente en Belgique. Et à force de persuasion et d’un peu de culot, j’ai eu une place en Belgique mais je l’ai su très tard.
Mon entreprise ne pouvait pas me laisser partir aussi rapidement ; j’ai donc fait les 2 pendant près d’1 mois !
Sur place, je cherchais le logement, mon mari a trouvé un travail en kiné (il est aussi reconverti !) et nous nous sommes occupés de tout le reste : les enfants, les cartons, l’installation.
Comment se sont passées ces années de reprise d’études en orthophonie ?
J’ai fait l’école en 4 ans parce que j’ai redoublé une fois.
D’un point de vue financier, je n’avais aucune aide de formation parce que j’étais française à l’étranger.
J’avais cours de 8h30 à 17H tous les jours, avec des travaux individuels ou de groupe. Puis, 2 fois par an, il y avait 2 examens très importants, comme en fac. Il fallait beaucoup travailler.
Mon mari a pris en charge les enfants et la maison sur le quotidien.
Je profitais des enfants le soir, et je m’accordais une matinée ou une après-midi par week-end avec eux.
Le reste du week-end, je bossais dur pour tout réussir, pour normalement ne pas redoubler.
J’ai été major la 2ème année, mais j’ai redoublé ma dernière année, ce qui était depuis toujours la chose que je redoutais le plus au monde.
Et comment l’as-tu vécu ?
Ça m’a appris en fait quelque chose d’énorme : on n’en meurt pas !!!
Parce que j’avais ça en tête : « Il ne faut pas redoubler ; ça ne se fait pas dans ma famille ».
Ce redoublement m’a permis de beaucoup travailler sur moi. Je pense que je suis meilleure dans ma prise en charge, que je sais comment gérer un échec, et que je suis moins dans le jugement.
Mes enfants ont vu aussi qu’on peut échouer et que ce n’est pas grave. On a le droit de pleurer sur une grande difficulté, et on y retourne.
Enfin, la 4ème année d’école a été vraiment compliquée financièrement, car elle n’était pas du tout prévue.
Mais heureusement j’avais fait tellement de stages en Belgique (imposés et personnels) que tout a été validé ensuite pour me permettre d’obtenir l’agrément pour exercer en France.
Le quotidien d’une orthophoniste en reconversion !
Alors raconte nous ce début de vie professionnelle !
Concrètement, j’ai eu mon agrément mi-septembre.
J’ai commencé à exercer à mi-temps en salariée, et à mi-temps en libéral en partageant le bureau de ma titulaire. L’orthophonie est un métier en demande, donc il n’est pas difficile de trouver du travail.
J’ai eu un vrai salaire tout de suite, en mettant de côté pour l’URSSAF tout de suite (attention, le salaire n’est pas égal au bénéfice !!).
En tant que collaboratrice, je reversais un montant à ma titulaire, et cela m’a permis de démarrer tout de suite, sans me soucier du matériel nécessaire.
En salariat, je travaillais auprès d’enfants déficients intellectuels.
J’ai ensuite changé pour ne travailler qu’en libéral.
Quel est le quotidien d’un/une orthophoniste ?
En libéral, je travaillais 4 jours par semaine de 8h30 à 18h30.
Je m’accordais 30mn de pause le midi, et je profitais des absences pour faire un peu d’administratif. Sinon, je le faisais le plus souvent le soir et le we (compte-rendus des bilans/ préparation de séances / administratif …)
Je prenais des vacances la 2ème semaine des petites vacances et 4 semaines l’été.
Puis, on a changé de région et j’ai quitté le libéral. J’exerce maintenant en salariat dans une clinique dans un service de soin et rééducation.
Bilan de cette reconversion en orthophoniste !
Et si c’était à refaire ?
J’ai beaucoup bougé et la vie s’est alignée ; nous avons été très chanceux.
J’ai également beaucoup d’énergie et je le sais.
J’ai cette chance de ne pas m’arrêter face aux contraintes ; rien ne m’embêtait :
il fallait reprendre des études pour exercer mon nouveau métier ? Je reprenais ces études. Pas le choix, j’y suis allée. Je me disais « Ca va aller. ».
La seule chose qui peut m’arrêter, c’est la mort. Tant qu’on n’est pas mort, on peut toujours trouver des solutions.
On ne peut peut-être pas tout faire, mais il y a une solution à tout.
Le facile / le difficile ?
Je ne regrette pas, j’assume tout. Je suis très contente d’avoir changé.
Mes parents n’étaient pas soutenant au début, quand je leur ai parlé de mon projet de métier, car ils avaient peur pour moi et pour ma famille. Ça a été dur pour moi à entendre, mais ça m’a permis de prendre mes décisions et de devenir adulte.
Comme mon mari avait réussi sa reconversion, je me disais que tout était possible et qu’il fallait s’en donner les moyens.
Cela n’a pas été facile tous les jours, et j’ai beaucoup appris.
Souvent, on se met beaucoup de barrières, mais de toute façon ma vie n’allait plus.
La vie ce n’est plus aller à l’école jusque 18 ans, et puis d’exercer un unique travail. Ça peut l’être, mais ça me semble de moins en moins possible dans le monde aujourd’hui.
Je ne sais pas si je vais être orthophoniste le reste de ma vie, mais ce n’est pas grave. J’ai envie d’apprendre toute la vie. Je me forme, je suis des MOOC et je lis beaucoup. J’ai besoin d’apprendre.
Je me suis également mise dans des activités que je ne m’autorisais pas avant.
Aussi, il y a eu des moments difficiles et il y en aura encore, mais c’est une vraie chance d’avoir toutes ces possibilités. J’ai encore envie de faire beaucoup ! Et demain est un autre jour.
Et vous aujourd’hui ?
Laurence explique qu’elle a décidé de changer de voie qu’elle sentait une perte de sens, si vous souhaitez aller plus loin sur ce thème, l’article sur le brown-out vous intéressera : comment gérer la perte de sens ?
Laurence a auto-financé ses études, elle parle des difficultés financières et ces questions sont évidemment clés dans les reconversions qui nécessitent des reprises de longues études.
Il existe des aides selon vos situations, mais pour creuser aussi vos peurs, freins et besoins, cet article sur l’aspect financier peut vous aider.
Laurence l’évoque au début de l’interview, elle est d’abord partie d’elle, de ce qu’elle aime, de qui elle est avant de faire émerger des projets puis de valider le bon : l’orthophonie.
Pour commencer à réfléchir aux bons critères de choix de votre futur projet, vous pouvez commencer par ce guide offert :
Aller plus loin avec le programme TROUVER SA VOIE
Si vous voulez aller plus loin comme Laurence ou comme Clémence, arrivée dans l’accompagnement avec l’idée d’une reconversion en orthophoniste. Mais qui avait aussi dit des doutes : est-ce le bon projet, est-ce réalisable, quel autre projet serait possible ?
L’accompagnement lui a permis de comprendre que
- OUI elle avait vraiment envie de réaliser ce projet,
- qu’il était complètement en phase avec son profil professionnel
- et de remplir un dossier Parcoursup du coup qui a fait mouche puisque documenté, argumenté et montrant effectivement la cohérence du projet (notamment avec une lettre du programme accompagnateur dans le cadre d’une reconversion donc une jolie lettre de ma part pour dire OUI OUI OUI elle doit y aller !).
Quand Clémence a été reçue sur Parcoursup, elle m’a envoyé une copie d’écran : est-ce bien un oui ?!
Ce que tout le monde devrait savoir à propos des accompagnements AH Accompagnement ?! Qu’avez-vous aimé dans cet accompagnement ?
J’ai aimé le fait que la réflexion se fasse de manière progressive, en commençant par un état des lieux de nos compétences et de nos connaissances.
J’ai apprécié le rythme des séances : suffisamment espacé pour nous laisser le temps de travailler et suffisamment rapproché pour ne pas perdre le fil.
J’ai particulièrement aimé votre écoute qui m’a aidée à « accoucher » de moi-même alors que cela faisait plusieurs années que je tournais en rond comme un poisson dans son bocal.
Comment étiez-vous avant cet accompagnement ?
J’avais déjà en tête l’idée de devenir orthophoniste mais ce projet me semblait irréalisable. Je commençais les démarches et les abandonnais la semaine suivante.
Cela faisait presque 10 ans que je tournais en rond. Je n’osais plus parler de mes interrogations professionnelles à mon entourage.
Quel changement cet accompagnement a-t-il permis chez vous que vous n’auriez pas pu faire seule ?
Cet accompagnement m’a montré que, petit pas après petit pas, je suis capable de gravir une montagne.
J’ai repris confiance en moi et je suis fière du travail accompli ces derniers mois.
Comment vous sentez-vous après cet accompagnement ?
Je suis pleine d’espoir, très enthousiaste à l’idée de démarrer une nouvelle page de ma vie professionnelle, très curieuse de voir ce que l’avenir va m’apporter. L’inconnu me fait également très peur.
Comment devenir orthophoniste ?
Les informations pratiques
Devenir orthophoniste pour votre reconversion comme Laurence vous donne envie ?
Voici quelques informations pratiques !
Le métier d’orthophoniste : missions et qualités
L’orthophoniste intervient sur les problématiques de retard du langage, défauts de prononciation (dyslexie, dysphasie, bégaiement, zozotement), mais aussi difficultés d’écriture ou de calcul sont autant de situations qui intéressent l’orthophoniste. L‘orthophoniste rééduque aussi les troubles neurologiques (exemple : maladie d’Alzheimer), les troubles du spectre autistique, les personnes atteintes de surdité, de maladies génétiques ou neurodégénératives..
Ce métier exige un excellent sens des relations humaines, un bon équilibre personnel et des qualités de patience et d’écoute.
Le métier d’orthophoniste demande à la fois de très bonnes connaissances de français et aussi une forte appétence pour les sciences.
Se reconvertir en orthophoniste : quelles évolutions de carrière ?
Le métier s’exerce principalement en libéral, mais il existe des postes en salarié comme en témoigne Laurence.
Le métier a des trèèèès nombreux champs d’application permettant une grande variété de pratiques, de formations continues qui convient bien aux profils qui s’ennuient vite 😉
- Troubles du Langage Oral
– Retard de Langage : Interventions auprès des enfants qui parlent tardivement ou dont le développement du langage est lent.
– Dysphasie : Traitement des troubles spécifiques du développement du langage affectant la compréhension et/ou l’expression.
– Bégaiement : Techniques pour améliorer la fluidité de la parole.
– Troubles de la Prononciation : Rééducation des défauts de prononciation tels que les troubles articulatoires (zozotement, par exemple).
- Troubles du Langage Écrit
– Dyslexie : Aide aux enfants et adultes ayant des difficultés de lecture et d’écriture.
– Dysorthographie : Rééducation des troubles spécifiques de l’orthographe.
– Dysgraphie : Correction des troubles de l’écriture manuscrite.
- Troubles de la Communication
– Autisme et Troubles du Spectre Autistique (TSA) : Amélioration des compétences de communication verbale et non verbale.
– Surdité : Interventions pour améliorer la communication orale et/ou gestuelle chez les personnes sourdes ou malentendantes.
- Troubles Neurologiques
– Aphasie : Rééducation du langage suite à des lésions cérébrales (AVC, traumatisme crânien, tumeur).
– Dysarthrie : Rééducation des troubles de la parole dus à des atteintes du système nerveux central ou périphérique.
– Troubles de la Voix : Prise en charge des troubles de la voix (dysphonie) chez les personnes atteintes de maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson.
- Troubles de la Déglutition (Dysphagie)
– Rééducation de la Déglutition : Interventions suite à des accidents vasculaires cérébraux, des maladies dégénératives, des chirurgies ou des radiothérapies affectant la capacité à avaler.
- Troubles Cognitifs
– Maladies Neurodégénératives : Prise en charge des troubles du langage et de la communication chez les personnes atteintes de maladies comme Alzheimer ou autres démences.
– Rééducation Cognitive : Interventions pour améliorer les fonctions cognitives (mémoire, attention, fonctions exécutives) affectées par des troubles neurologiques.
- Troubles Oro-myo-fonctionnels
– Rééducation des Fonctions Oro-faciales : Traitement des troubles de la mastication, de la succion, de la respiration et de la parole causés par des dysfonctionnements musculaires.
- Accompagnement des Troubles de l’Apprentissage
– Interventions Pédagogiques : Aide aux enfants et adolescents ayant des difficultés scolaires en lien avec des troubles du langage et de la communication.
- Prévention et Sensibilisation
– Actions de Prévention : Programmes éducatifs dans les écoles et les communautés pour prévenir les troubles du langage et de la communication.
– Formations et Ateliers : Sensibilisation des parents, des enseignants et des professionnels de la santé aux troubles du langage et de la communication.
Quelles études pour une reconversion d’orthophoniste ?
Pour devenir orthophoniste, il faut être titulaire du certificat de capacité d’orthophoniste (CCO), qui se prépare en 5 ans dans un centre de formation rattaché à une UFR de médecine. Au programme : anatomie, physique acoustique, phonation, linguistique et psychologie.
POINT TRES IMPORTANT : l’entrée en école d’orthophonie est maintenant gérée via Parcoursup et les candidats sont sélectionnés sur dossier de candidature et entretien de motivation. Certains établissements effectuent également des tests mais le concours tel qu’il existait avant (et dont parle Laurence – l’interview date de 2019) n’existe plus. Il reste malgré tout un nombre limité de places en école.
Ce qui fera la différence pour être accepté dans une formation en orthophonie dans un parcours de reconversion va donc être la qualité de votre dossier : les reconvertis qui savent pourquoi ils sont là ont leur place à prendre !